"WHAT ELSE?!"

La situation des femmes en Turquie

par Moustapha.H 0 Catégorie:

Article rédigé Par: Constanze Adam
extrait de son memoire de D.E.A en Science politiques à l´université de Paris 8
La condition de vie des femmes en Turquie (51% de la population) diffère enormement selon leur critères locals, économiques et sociales individuelles.
Les femmes constitue en Turquie le grope social le plus opprimé. Bien qu’avec la République en 1923 Attatürck ait instauré juridiquement leur égalité, la nature patriarchale de la société a empêché de traduire leur droits dans la pratique, même les tribunaux n’ont –en géneral- l’habitude de les faire appliquer. Ces « conditions favorables » résultant des droits égaux instaurés se voyaient d’ailleurs détournées en désavantage majeur car dès lors l’idée regnait que tout problème d’inégalité était resolu.  La doctrine kémaliste –dit moderniste « à l’occidentale »- était fondé sur le nationalisme et la laicité ce qui faisait de la Turquie le premier pays musulman et laic. L’adaptation du modèle occidental du code civil suisse en 1926 a formellement permis aux femmes de se dévoiler, interdit la polygamie et établi l’égalité juridique entre femme et homme en ce qui concerne le mariage, le divorce, l’héritage et la propriété. < Attatürk voulait supprimer toute influence réligieuse et promulguer la vie « moderne » à l’occidentale. Sa doctrine modifiait véritablement les mœurs des classes du sommet de l’hiérarchie sociale et de l’intelligentsia turque, mais ne changait en rien les coutumes de la masse qui se voyait ainsi retiré la légitimation et surtout leur représentabilité de leurs habitudes. Très tôt –en comparaison avec d’autres pays-, les femmes de la Turquie possedaient des droits civiques garantis par la loi ; ces droits tombaient dans un certain sens en désuétude par des sucessions des volontés politiques moins motivées et moins affirmatives et des structures sociales patriarchales qui reprenaient vite le dessus –dans la société « en gros ».
Ainsi, on démontrera le régime juridique garantissant les droits des femmes qui devrait regner pour ensuite tenter de dessiner un approche des conditions réelles dans lesquelles les femmes turques doivent vivre aujourd’hui.
Par la suite on abordera les deux courants des femmes en Turquie, en citant des exemples significatifs du mouvement féministe et en retracant et surtout explicant le courant des femmes islamistes.

Situation juridique des femmes turques


L’article 10 de la Constitution déclare l’égalité de toute personne devant la loi, sans consideration de la langue, de la race, du genre, de l’opinion politique et des croyances philosophiques ou réligieuses sans accorder aucun traitement préférentiel à personne. L’utilisation du terme « genre » assure alors l’égalité des femmes et des hommes devant la loi. Mais la pratique intrinsèque à la vie quotidienne. Pour cela, le concept de « affirmative action », alors des initiatives à finalité de compenser des injustices subies des femmes afin de faire valoir réellement leurs droits pour qu’elles puissent atteindre un statut social à égalité des hommes, se repand de plus en plus en forme des fameuses quotas au niveau universitaire comme professionnel en général. Bien que ce concept reste redouté, les nombreuses organisations féministes l’ont soutenu et défendu en tant qu’ultime recours vue la structure sociale turque.
Afin de souligner l’écart existant entre la réalité, donc la situation « de fait » et le régime juridique à l’égard des femmes, on pourrait encore évoquer quelques exemples des droits fondamentaux que la Constitution garantit à chaque citoyen par l’article 12.
Sous les titres « droits personnels et obligations », « droits sociaux et économiques » et « droits politiques », on trouvera quelques articles qui nous interessent particulièrement afin de démontrer plus évident l’écart entre régime juridique et situation de fait des femmes turques :
L’article 18 interdit le travail forcé, mais en réalité il touche avant tout les femmes –dans l’agriculture ou mieux dans le travail doméstique en général, en étant souvant le résultat de la violence (psychique comme physique) conjugale.
L’article 23 dicte que chacun a la liberté de résidence (géneralement choisie par les maris) et d’aller et venir (l’honneur de la famille par contre sera facilement en jeu…) et le droit d’avoir et de disposer de sa propriété se voit garanti par l’article 35 de la Constitution –reste à ajouter que 73% de tout patrimoine appartient aux hommes.
Cacun a le droit d’étudier et ne peut être privé d’instruction (relève principalement de l’accord des membres de famille masculin) et d’enseigner en toute liberté (art.27 et 42), comme d’ailleurs exprimer librément ses pensées et opinions (art.26), en toute liberté de conscience – l’exemple de l’avocate Eren Keskin nous en démontrera la réalité, car même le droit de sa liberté de travailler dans son champ désiré (art.48) devient redoutable.
La Constitution pose de même le principe de protection et de défense par les autorités compétentes afin de faire prévaloir les libertés fondamentales de chaque citoyen, mais par la suite en verra des exemples d’application des lois par les instances étatiques qu’on pourrait qualifier d’arbitraire et surtout d’absolument contradictoire avec les principes juridiques.
Depuis 1934, toute personne possède le droit de vote et peut se faire librement élire (art. 67), néanmoins les bulletins féminines reflètent normalement le choix de leurs maris et aux femmes politiques dont le taux reste généralement au-dessous de 3%, la parole est peu laissée. L’article 74 propose a tout citoyen d’adresser ses conseils ou ses plaints aux autorités compétents. La plupart des gens ayant osé d’emettre des critiques se retrouvent cependant au prison et des « conseils » démeurent généralement ignorés sauf des mobilisations énormes et médiatisées. Cela attribuait par contre à une émergence plus en plus nombreux des organisations se battant pour spécifiquement des droits des femmes qui se distinguent dans leurs yeux qualitativement par une problématique moins évidente et plus cachée dans la violence et l’harcelement de tous les jours à travers les démarches de minorisation de celle d’autres « minorités ».
Par des enormes campagnes de 126 groupes des femmes, un nouveau code civil a été ratifié le 22 novembre 2001. Il a aboli la suprématie des hommes dans la vie familiale. Son nouveau concept manifeste une rélle volonté de changement en contournant des malinterpretations « possibles », se refletant de même dans le language. Le terme de « famille » qui signifiait avant implicitement « chef de famille » se remplace desormais par « les époux ». le nouveau code civil déclare la famille étant un partenariat basé sur l’égalité des droits de femme et homme (art. 41 de la Constitution) concernant toute décision, leur résidence familiale, leur propriété commune et surtout leur représentation. D’ailleurs, les mères ont acqueri le droit de garder leurs enfants lors d’une séparation.

Conditions réelles


Ce concept laique, progréssiste et modérniste instauré á « l´occidentale » par Mustafa Kemal en remodelant le code civil suisse n´a pas incité un changement de la situation féminine au sein de la société turque, seule une minorité intéllectuelle est certaine parmi les classes les plus favorisées ont su en bénéficier en intériorisant ce concept en tant que courant « a la mode ».
La vie de la plupart des femmes demeure toujours conditionnée par des coutumes sociales et religieuses au lieu du droit constitutionnel et du code civil (15% dans les villes et 75% dans les campagnes). Surtout dans les campagnes ou la disparité frappe le plus, les femmes illitrées y sont concentrées, dans un pays ou statistiquement l´analphabetisation frappe une femme sur trois. Un sondage réalisé par le WWHR entre 1996 et1997 a revelé que 37% des femmes sont en ce qui concerne leur propre instruction exclusivement conditionnées par le choix des membres masculin de leur famille.
   Leur valeur le plus sacré est la morale, et acquérir un certain « honneur » et un « statut social respectueux » en accouchant de nombreux enfants, notamment des fils. Dans leur culture, la valeur et le statut d’une femme monte avec un nombre croissant des fils qui serviront dans les milieux ruraux à satisfaire des fonctions économiques ; d’ailleurs, on prive les femmes de leurs droits de contrôle et de volonté sur le nombre des enfants qu’elles désirent.
Leur décisions sont prises par leurs péres, même souvent celle de leurs futurs maris qui prendront le relai.
L´oppression et l´exploitation des femmes en turquie se distingue qualitativement de celles des pays occidentaux par des conditions de vie et de travail physiquement incomparablement plus dûres. Elles intériorisent et comprénnent souvent leurs oppressions culturelle et morale, alors politico-sociales comme economiques en tant que déstin.
Depuis 60 ans, elles participent avec la constante de 10% á la vie active dans l´industrie et l´administration. En 1996, parmi les femmes dont la vie active, 82% travaillent dans l´agriculture dont 89% ne recoivent pas de salaire qui revient aux chefs de familles. Bien plus exploitées que leurs collegues masculins, elles sont généralement moins payées, mal accéptées, difficilement embauchées et virées les premiéres ( dans ce cas, les autorités ne les enregistrent même pas en tant que « chômeurs », car on suppose qu´elles rentrent dans leurs fonctions normales et naturelles en tant que femmes de foyer.).
Les tâches ménagéres et l´élevation des enfants « vont de soi » avec le rôle feminin et même dans les milieux bien instruits et influencés par les concepts kémalistes, l´option de leur partage restent souvent inconnue et très redoutée.
Le travail doméstique se voit d´ailleurs instrumentalisé afin de garder les filles á la maison et les protéger ainsi d´une morale étrangére.
Eduquées dans les valeurs traditionnelles, les filles turques se doivent être obéissantes et rester viérges jusqu´au mariage (ce qui sera vérifié par des tests de virginité), car de lá découle tout l´honneur de la famille entière –séverement protégé par les membres masculins de la famille.
Les relations hors mariage totalement secrétes peuvent avoir des suites catastrophiques car l´education sexuelle demeure inimaginable. Des filles se trouvant enceintes de cette facon, ne voient souvent que des avortements secréts ou du suicide comme alternatives á l´exclusion et le bannîssement de la famille (ou mêmes des « crimes d’honneur », les meurtres –dans ce cas- de la fille ou son supconné partenaire).
Mais la pire des formes d´oppression feminine en turquie reste la violence physique. Frapper violement ses femmes est considéré comme la norme de 54% des hommes. Le sondage du WWHR a revelé que 90% des femmes mariées sont régulièrement insultées, humiliées verbalement et maudites de leurs maris ; 40% ont constaté qu’elles subissent de la violence physique comme des coups, des ménaces à l’aide d’un couteau,etc ; et 15% ont avoué d’être obligées à avoir des relations sexuelles avec leurs maris contre leur gré. Bien que, juridiquement, cela puisse constituer une raison de divorce, le taux de divorce se trouve au-dessous des moyennes d´autre pays en voie de développement
Politiquement les femmes n´ont jamais exercé ou participé réellement au pouvoir, bien qu´elles se voyaient accordées le droit de vote et d´être éligibles depuis 1934. Tansu Ciller, devenue premiére dirigeante d´un parti gouvernant et alors premiére femme premier ministre en juin 1993, sollicitait des aspirations auprés des femmes aux impulsions d´une égalité politico-sociale de fait. Le professeur en économie Ciller, âgée de 50 ans á l´époque etait votée en tant que « chance historique » du mouvement féministe turc et en tant que garantie contre les islamistes –avec lesquels elle formait une coalition par la suite. Préoccupée plutôt de se déffendre contre tous les soupcons de corruption, abus de pouvoir et contacts mafieux, elle ne changea rien pour les femmes de son pays. Des septs députées de son parti, deux le quittaient en guise de protestation contre cette coalition.
Une des rares femmes politiques remarquables de leur courage s’appelle Leila Zana ; se battant pour la cause kurde, elle était en 1991 la première kurde au Parlement. Le fait que son mari a été prisonnier politique à l’époque l’a donné la force de combat public, dit-elle. Le grand scandal se déclenchait quand elle parlait lors des présentations au Parlement sa langue, la langue kurde. L’Etat turc voulait l’accuser de haute trahison qui aurait signifié la peine de mort, mais en fonction de l’étendue médiatique international, il était obligé à contourner cette peine et l’accusait alors d’être membre du PKK. Elle était sanctionnée à 15 ans de prison. Pour son courage (qui n’arrivait d’ailleurs pas à faire changer les choses) le Parlement européen lui attribuait le prix de la liberté d’esprit.
Certaines organisations des femmes contemporaines revendiquent des quôtas de facon que l´Etat ne devrait subventionner que les partis qui garantissent la participation féminine.
En 1996, les femmes n´ont conquéri que 13 siéges sur 550 au Parlement turc – correspondant á un taux de 2,3% .
Surtout après le coup d´Etat militaire-faschiste de septembre 1980, la situation politique des femmes s´est ennormément aggravée. La nouvelle Constitution de 1982 impose aux partis politiques de ne plus intégrer des associations de jeunesses ou de femmes. Il réste á craindre que cette situation s´aggravera de plus en plus par réislamisation de la société turque. Les nouvelles autorités se sérvent de l´Islam pour justifier la position inférieure des femmes á l´égard des hommes. Les anciens préjugés en combinnaison avec la nouvelle propagande islamiste fondamentaliste alourdissent encore leurs vies : « Le ventre de la femme a besoin d´un soldat, le dos de la femme a besoin d´un bâton. » -cette « sagesse populaire » etait citée en 1990 par un procureur de la République- non avec ses amis dans son bar du coin, mais au cours d´un procés de viol (en 1996, il y a eu 36000 délits, dont 20000 viols….). la Cour de cassation turque déclarait de réduire la sanction des violeurs de 2/3 s´il s´agit d´une prostitué en tant que victime. Tout recours ou campagne contre ce jugement scandaleux réstaient sans issu jusqu´á nos jours.
Même si la Turquie a signé en 1950 la convention européenne des droits de l’Homme et ainsi la torture n’existe plus officiellement, elle est utilisée systématiquement en prison contre tous, homme, femme et enfant, généralement contre des gens politiquement ou leurs proches. Souvent la torture s´exércent dans sa forme la plus dûre sur des « minorités » (par « minorisation »…) comme des femmes et des kurdes.  En garde a vue , on bande les yeux des incarcérés qui sont mis à nu, on leur attache les bras afin de les pandre, on les prive de nourriture et de sommeil et on leur fait subir des coups violents ainsi que des choques électriques sur les organes génitaux comme sur les poitrines. Alors qu´on serre les tésticules des hommes, on résérve aux femmes généralement le viol –souvent collectif- comme moyen de torture.
En 2001, 147 femmes (dont 112 kurdes) ont demandé l´assistance juridique á un projet humanitaire récent ( cofondé par l´avocate connue sous le nom de Eren Keskin) á Istamboul dans le but de porter plainte contre ces fonctionnaires ( 51 plaintes de viol). Seulement un fonctionnaire etait jugé coupable par la suite. D´ailleurs, dans des cas similaires, l´Etat procéde de facon á ce que ces fonctionnaires ne subissent qu´une suspension provisoire d´une durée symbolique.

Trajectoire d´une femme militante 


Le cas de Eren Keskin est un exemple illustratif de femmes militantes activistes en Turquie contemporaine et de leur courage  malgré toutes les resrictions imposées par l´Etat turc, et les représailles qu´elle a subit ( et qu´elle subit toujours) au cours de l´exercice de sa fonction d´avocate et la defense des droits de l´Homme, notamment les droits des femmes.
Elle dirige l´I H D (Insan Haklari Dernegi), organisation de defense des droits de l´Homme. En 1997, elle a fondée, avec Mercan Güclü et Nurcan Okcuoglu ce projet humanitaire évoqué ci-dessus, en forme de centre de documentation qui a pour rôle de recueillir des faits, des témoignages et des informations des femmes qui ont subit des abus de pouvoirs, des violations de lois et d´offrir de l´assistance juridique à ces femmes.
Accusée en 1994 de « propagande séparatiste » á cause d´un article critique á l´égard du gouvernement, elle a été emprisonnée pour 2 ans et se trouve depuis lors constament au centre des campagnes humanitaires d´Amnesty International. En 2001, après la publication d´un article dans le journal « Yeni Gundem » qui traitait des abus sexuels subits en prison par des membres des « mères de paix » kurdes, elle a été appelée à citer devant le tribunal (avec une cofondatrice du projet de 1997) á cause de ses « insultes à l´égard de l´armée turque ».
Elle dennonce publiquement et au niveau international a travers toutes ses conférences de toutes sortes et interventions tous ces abus comme la condition féminine générale en Turquie. En titre d´exemple, lors d´une conférence universitaire en Allemagne en 2001, elle racontait l´histoire d´une petite fille paysanne qui a dû subir lors de son travail sur les champs des viols d´un militaire qui la menacait de pretendre publiquement qu´elle ait des liens avec la guerilla kurde ; ensuite elle a été violée par ses amis militaires, par peur des represailles et par honte la petite fille n´avait pas osé dénoncer ces actes.
Eren Keskin, habituée des menaces de mort de toutes sortes en raison de ses activités, témoigne d´ailleurs de ses propres expériences : pendant son séjour en prison, un policier l´avait violement battu à l´aide d´un matrac dans son uterus – cela en supplément des moyens de tortures « habituels » puisqu´elle etait un « hôte » distingué.

En plus de ces nombreux procés menés contre elle, elle a recu récement la suspension d´une année d´exercer sa fonction d´avocate par la chambre des avocats d´Istamboul.
 En 2001, elle a recu lors de la quarantieme anniversaire de la section allemande
d´Amnesty International le prix des droits de l´Homme.
Eren Keskin est le symbol incarné de l´ecart existant entre le droit garanti par la constitution et le code civil et les pratiques négationistes de ces droits qu´elle réclame, Eren Keskin avec d´autres femmes sont les victimes de la revendication d’application des droits fondamentaux et de l´aspect schizophrénique de l´Etat turc.

Un exemple significatif d’organisation féministe


La WWHR, « women for women’s human rights » (en turc : KIHP, « kadinin insan haklari projesi), fondé en Turquie en 1993, constitue une organisation féministe regroupant en une tous les champs d’actions divers. Elle mobilise constamment les autres organisations similaires (voire annexe), s’engage pour un changement social et se bat pour des modifications et des précisions garantissant spécifiquement des droits des femmes au niveau juridique et leur application.
WWHR déclare travailler pour une reconnaissance et réalisation des droits humaines des femmes dans l’espace public et privé. Elle veut que les femmes participent activement à la société et pour cela inciter à ce que les femmes atteindent le statut des libres individus et citoyennes.
Cette organisation a tant d’objectifs et projets que nous nous devrons contenter à donner un apercu de ses activités afin de pouvoir entrer dans le cadre de ce travail. Elle combine travail de recherche (et évidemment son publication) et d’action, forment des groupes de pression auprès du Gouvernement, essai de relier des organisations et groupes féministes au niveau national et international et soutiennent des groups régionaux.
« women’s human rights training program », un de leur projets principaux,  développé en 1995 ( et implanté au directorat des services sociales communales depuis 1998 !) consiste à organiser des seminaires, conférences et soi-disant « workshops », afin d’instruire les femmes turques de leurs droits, les comprendre pour les utiliser et enfin initier un changement personnel et social en modifiant la nature patriarchal de la société. On leur explique la difference entre coutumes et droits en les rendant capable de les faire valoir individuellement dans leur vies quotidiennes à travers des discussions abordant l’éducation, le genre, le developpement personnel et l’action politique. En leur démontrant de même leurs droits sexuels, reproductive et de respect en général, elles sont encouragées à se relier entre elles afin de s’encourager mutuellement. Depuis 1923, cela constitue la première tentative d’education féministe au niveau national-la première grande victoire de la WWHR.
Au-dela de leurs groupes de pression (« lobbying »), WWHR organise des campagnes nationales et internationales afin de changer et modifier la législation ainsi que la faire appliquer. WWHR essaie de faire participer la Turquie activement au processus « Beijing+5 », « the women 2000 UN assembly » qui s’avait déroulé le 5-9 juin 2000 à New York et qui avait dénoncé non seulement les violences contre les femmes en termes généraux, mais plus précisement évoqué les « crimes d’honneur » , les « mariages forcés » et les « viols conjugals ». De cette facon WWHR organise avec d’autres associations des campagnes contre les crimes d’honneur, les abus physiques, les viols en détention –donc violence sexuelle « sponsoré par l’Etat », les mutilations génitales, la sentence de reduction de peine des viols subis par des prostitués et les tests de virginité afin de les faire reconnaître légalement en modifiant le code pénal ; car celui-ci devrait supprimer le titre « crimes contre l’intégrité sexuelle et coutumes morales » qui –en utilisant p.ex. des termes comme « viol avec consentement »- légitime la notion patriarchale que les femmes ne possedent pas leurs corps (lesquels incarnent l’honneur de la société…) et qu’entre époux n’existe alors ni viol, ni violence doméstique non plus.
WWHR veut d’ailleurs amender l’article 10 de la Constitution en ajoutant que l’Etat doit prendre toutes les mésures nécessaires légales et institutionelles afin d’assurer et réaliser l’égalité entre femmes et hommes.
Ces activités exemplaires ont abouti –comme on a vu- à beaucoup des résultats. Leur engagement pratique au niveau national témoigne d’une volonté extraordinaire par laquelle elles arrivent à réaliser beaucoup de leurs objectifs, vu surtout comme l’Etat turc agit en principe. Néanmoins leur mérite primordial consiste à changer les strucures sociales auprès leurs racines, sur long terme, à travers leur programe d’entrainement et d’éclaircissement des femmes de partout qu’elles ont su implanter dans les instances étatiques.

Femmes « islamistes » 


Les efforts des femmes courageuses qu’on a abordé jusque-là nous semblent bien cohérent dans un système où les autorités essaient à nouveau depuis les années 70, mais surtout 80, de supprimer les voix féminines et surtout féministes
On serait tenter à supposer qu’il s’agissait exclusivement des hommes engagés dans les partis dits islamistes, ou islamique tout court. Cette supposition trompe cependant, car il revient principalement aux femmes de militer sur le terrain pour ces partis comme le « Refah » ou le « Fazilet ». Ces femmes « visibles », dehors de l’éspace clos et privé, s’expriment ouvertement et agissent politiquement en répandant le message islamique et en oeuvrant pour le port du voile. Le fait que les hommes dirigéants les tiennent par contre dans l’anonymat rend carrément impossible de découvrir certains de leurs noms ou des paroles individuelles de ces femmes politiquement engagées. Afin d’expliquer ce phénomène, on devra donc se baser sur des études généralisées.
Le parti Refah, le premier parti islamiste au pouvoir (en 1997) depuis l’instauration de la République, était voté principalement par des voix féminines, un parti qui proclame ouvertement de vouloir bannir les femmes de l’éspace public et les voir assumant leur rôle du foyer. Un membre sur deux est une femme et ce sont elles qui menaient la campagne électorale sur le terrain, en allant de maison à maison. Elles distribuent des brochures et tentent de convaincre les gens de se faire recruter. Néanmoins le « Refah-Partisi » ne présente jamais des candidats-femmes –par principe.
Depuis le RP se faisait de plus en plus remarquer, de plus en plus des femmes et surtout des étudiantes se voilent –ce qui était encore inimaginable au debut des années 80. Les femmes du parti menent des campagnes pour le port du voile, financée par l’Arabie-Saoudite et l’Iran, en employant stratégiquement des promesses comme aussi des ménaces. A la rentrée, des organisations réligieuses donnent p.ex. des voiles aux filettes en leur promettant des cahiers et bookins à condition qu’elles le porteraient ; ou on promet des chambres universitaires, si des étudiantes se présentent régulièrement aux prières en amenant d’autres filles.

Les raisons des femmes islamistes à s’engager politiquement


Ces femmes, se revandiquant islamistes, nous semblent d’une certaine facon de vouloir retourner en arrière de toutes ces avancées juridico-historique d’avant Mustafa Kémal. Elles réclament la doctrine réligieuse –dont elles acceptent certaines principes qui leur enlèvent des droits et des acquis de la cause féminine- dans les institutions et dans le public d’un Etat laic.
Avant tout qu’il faudra souligner qu’elles ne pourraient même pas retourner en arrière, car leur mouvement, comme tous les autres, est le produit d’une évolution historique et linéaire. Elles ne s’opposent pas aux acquis contemporaines, ce sont par contre ces acquis qui leur font reclamer autre chose. Elles essaient de reconcilier cette « modernité » avec leurs principes traditionnelles et religieuses qu’on avait  tentées d’effacer et d’anéantir pendant longtemps en les qualifiant d’opposantes à la modernité.
Dans les années 70, Sule Yüksel Senler, dirigeante de la revue « Seher Vakti » etait une des premiéres femmes qui revendiquaient publiquement et politiquement le port du voile en critiquant son intérdiction qu´elle considerait comme le dictat d´une modernité laique. Son magazine proclamait le port du voile comme accessoire de mode en vertu d´une redéfinition de l´idée de la fémenité et comptait ainsi lui rendre sa signification en tant que modernité ce discours se developpait au cours des années 80 en tant que reaction á la suppression institutionnalisée de leur religion et ainsi une reaffirmation culturelle et identitaire.
L´engagement politico-religieux des femmes islamistes a de même pour cause un besoin de reaffirmation culturelle, comme le montre Marie-Gabrielle Cajoly dans son article « l´islamisme au feminin » en fonction des entretiens menés entre 1995 et 1998. ces femmes se prennent á l´arrogance et la soit disant suprematie du modèle occidental de la feminite qui leur etait occtroyé en tant qu´unique repére valable. Plaidant pour un modèle adapté à l´heritage culturel qu´elles souhaitent légitimer en faveur d´une pluralité culturelle et moderne.
L´islamisme feminin se caractérise lui-même par ses revendications des droits des femmes au niveau théorique. Il s´agit avant tout d´avoir conscience de ses propres droits et de les revendiquer selon ses valeurs personnelles, islamique ou bien laiques. M-G Cajoly avance l´idée qu´elles incarnent á leur facon autant plus les critères de modernité d´une societé laique qu´elles les « réinsèrent dans une tradition islamique originelle ».
Leur heritage kemaliste, le droit à l´education, leur ouvre la voie vers l´affirmation légitime de leurs droits. Ainsi, instruites et conscientes, elles accédent à une mobilité sociale en cassant leur statut publique des musulmanes traditionnelles. Selon Nilüfer Göle,ce sont ces couches sociales plutôt défavorisées qui ont bénéficié à partir des années 70 de cette mobilité sociale qui leur a attribué leur autorité actuelle par laquelle elles tentent de relégitimer et faire prévaloir les principes islamiques traditionnelles avec lesquelles elles ont grandi.
Voilées, elles investissent dans cet espace public symbolic de l´enseignement supérieur en le déclarant un devoir de chaque musulmane afin de pouvoir faire un choix religieux éclairé en tant que « savant ». les islamistes feminines déclarent s´engager au nom de toute femme turque, independément de tout clivage social, culturel ou politique, de pouvoir les éclairer et instruire par leur propre instruction et ainsi mener le combat pour faire respecter et évaluer leurs droits comme l´image de leur sexe dans les milieux laics comme les milieux les plus traditionnels. Le fait de pouvoir vivre et faire valoir le vrai Islam légitime le besoin d´accéder au texte sacré soi-même par l´instruction, implicitement au nom d´une intérprétation feminine en repoussant le monopole masculin. Cela sert d´argument, tout en restant la musulmane respectueuse ( et voilée…), de faire légitimement repousser leurs devoirs religieux comme le mariage et la maternité, en favorisant l´extension de leur rôle dans la vie active et/ou politique.
Le travail qu´elles reconnaissent comme droit fondamentale garanti par le coran reste un point debattu et redouté au sein de leur courant. Il constitue en rien un devoir qui reste incarné dans le rôle masculin. De cette facon, certaines entre elles, conditionnées par leur expérience personnelle, de ne pas avoir trouvé un travail aussi valorisant que leur rôle de mère, leur niveau d´études ainsi qu´une maternité assumée peut-être, proclament plutôt une inégalité de fait qui résultera de cette illusion occidentale du travail des deux partenaires. D´abord, cela ferait dans la pratique incomber un double travail aux femmes car les tâches doméstiques seraient toujours assumées par elles.
Elles déplorent les autres femmes qui doivent assumer ce rôle « en fonction des besoins économiques du foyer ». on y voit alors ce statut feminin mal reconnu qui résulte – selon la considération publique- de la faiblesse du mari qui n´arrive apparament pas à assurer financiérement.
Cela méne à une révalorisation de leur statut à l´interieur du foyer car elles savent – en connaisant les textes sacrés et les principes de leur propre éducation- que la maternité est leur vocation naturelle la plus divine qui seule peut leur procurer un réel épanouissement sur terre.   
Le travail peut de même être un désir personnel, mais n’est en rien un critère de modernité. C’est le terme du « droit à » qui symbolise la modernité et l’égalité entre hommes et femmes. Car, dans leurs yeux, hommes et femmes sont liés par leur complémentarité –en n’étant physiquement ni pareils, ni interchangeables et de cette facon socialement non plus-, une complémentarité physique et sociale de l’ordre naturel. Ce « droit à » incarne par contre une égalité politique culturelle qui reste à gagner. Mais ce thème émergeant du travail les a fragilisé dans leur auto-considération de respectabilité dans leur rôle intérieur.

Un investissement politico réligieux leur offre la conciliation de leur vie d’épouse et mère et un engagement respectueux et affirmatif à l’extérieur tout en s’adaptant souplément à leur vie familiale. Ainsi elles gangnent la légitimation d’aller et venir en toute liberté et parfois même une raison de se soustraire aux tâches doméstiques. Le parti représente l’occasion unique en tant que activité de s’assumer publiquement en toute harmonie avec leurs convictions réligieuses identitaires et leur rôle de mère.
Le parti leur attribue un statut social, une valorisation public s’exercant aussi au niveau privé, donc une reconnaissance sociale et un accomplissement personnel qu’elles n’ont pas vecu jusque-là. Par le biais du parti, elles peuvent profiter de leurs droits qui leur sont officièllement attribuées ; car il est toujours difficile pour les femmes des classes moyennes ou les plus défavorisées d’en bénéficier en vertu des coutumes culturelles.
Le voile les autorise à s’afficher publiquement en réalisant leurs ambitions personnels et en montrant leur identité culturelle, de parler au nom de l’Islam qui leur octroye ce devoir, mais non la réclusion car les femmes dans le Coran étaient politiquement très actives –ce qui leur sert alors comme argument.
Elles s’opposent donc aux valeurs d’un coté patriarchales comme laiques et occidentales de l’autre. Elles savent qu’elles portent en tant que femmes la responsabilité de la moralité des mœurs et le voile leur permet d’être visible tout en gardant les distances et la pudeur nécéssaires. Elles peuvent participer à la modernité occidentale en représentant leur identité culturelle spécifique.

Conclusion


Les femmes en Turquie des deux clans et toute femme qui se liera soit aux mouvements féministes, soit aux femmes islamistes, selon ses convictions laiques ou réligieuses, se trouvera dans un dilemme fondamentale, car les deux champs se voient plus au moins condamnés par les instances étatiques.
L’Etat, en ne montrant aucun effort afin de faire au moins appliquer les lois en vigueur, « punit » dans un certain sens les féministes, soit en les condamnant devant les tribunaux, soit en leur mettant simplement des obstacles à travers leur chemin. Et de l’autre coté , il condamne les femmes islamistes en leur retirant toute légitimité d’action en prétendant qu’elles mettent en jeu les acquis modernes. Pendant que les féministes subissent leurs punitions supplémentaires en forme de discriminations comme par exemple des incarcerations précipitées et des viols en prison, les femmes islamistes les subissent en forme de mépris dans l’éspace privé ou « politique » par les détenteurs même de la structure patriarchal avec lesquelles, soit elles vivent, soit elles travaillent.

Bibliographie



Göle, Nilüfer, « Ingenieurs islamistes et étudiantes voilées en Turquie :entre le totalitarisme et l´individualisme », in Intellectuels et militants de l´Islam contemporain, (sous la direction de Gilles Kepel et Yann Richard), éditions du Seuil, Paris, 1990.

Cajoly, Marie-Gabrielle, « L’islamisme au féminin : l’expérience d’un compromis culturel et la recherche d’un cosensus politique », in Turquie : les milles visages, (sous la direction de Isabelle Rigoni), collection « points cardinaux », éditions Syllepse, Paris, 2000.

Beaucoup de mes informations pratiques (des statistiques, situation juridique des femmes en Turquie, des témoignages et informations concernant le WWHR),
sont fournies par :
le site officiel du WWHR : www.wwhr.org (site en langue anglaise)
le site de Amnesty International : www.amnestyinternational.de (site en langue allemande)

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